Les femmes sont deux fois plus concernées que les hommes par une Souffrance Psychique en Lien avec le Travail (SPLT), selon une étude réalisée par Santé Publique France. Ces chiffres montrent aussi qu’entre 2007 et 2019, le nombre de personnes en souffrance psychique a doublé. Cette augmentation peut être due à une détérioration des conditions de travail, mais elle peut aussi s’expliquer par une plus grande facilité à parler de la santé mentale. Explications.
Le milieu professionnel, souvent défavorable à la santé psychique des femmes
Dans le monde du travail, des inégalités entre femmes et hommes demeurent, en matière de santé psychique aussi. C’est ce que montre l’étude Santé Publique France, réalisée auprès de 280 000 salariés entre 2013 et 2019. Il s’agit de la plus récente étude, publiée en mars 2024.
Les femmes plus souvent concernées par des troubles psychiques
La souffrance psychique en lien avec le travail (SPLT) comprend l’ensemble des troubles qui relèvent de la sphère mentale, causés ou aggravés par le travail. 6 % des femmes sont concernées, contre 3 % des hommes.
Elle peut prendre la forme de :
– Troubles anxieux et dépressifs ;
– Troubles du sommeil ;
– Troubles des conduites alimentaires ;
– Burn-out ;
– Syndromes de stress post-traumatique…
La SPLT ne figure pas dans les tableaux de maladies professionnelles du Code de la sécurité sociale. Mais elle constitue, selon Santé Publique France, un « enjeu de santé publique important », notamment en raison de ses conséquences sur la qualité de vie des travailleurs.
Des différences selon les catégories socio-professionnelles et les secteurs d’activités
Selon l’étude, les troubles dépressifs et anxieux sont principalement liés à des problématiques de management ou relationnelles, de surcharge (ou sous-charge) ressentie ou encore des relations au travail et à la violence. Chez les femmes, le risque de présenter des troubles psychiques s’accroît avec la catégorie socioprofessionnelle. Celles qui exercent en tant que cadres sont les plus susceptibles d’être concernées
Psychologue clinicienne pour le cabinet PSO, Priscille de Charette évoque ainsi « la charge mentale, plus importante chez les femmes que chez les hommes ».
Les signalements d’une souffrance psychique en lien avec le travail sont plus fréquents chez les femmes dans certains secteurs : le transport, la construction et l’industrie notamment. Tandis que chez les hommes, ce sont plutôt les secteurs de l’hébergement, de la restauration, des activités de service et de l’agriculture qui sont représentés.
Vers une meilleure information sur la santé mentale des travailleurs ?
L’augmentation du nombre de cas de souffrance psychique, entre 2007 et 2019, est due à plusieurs facteurs selon Santé Publique France. Elle peut être provoquée par de multiples détériorations des conditions de travail. Mais elle peut également s’expliquer par une meilleure sensibilisation aux troubles mentaux dans le cadre du travail, ainsi qu’une « plus ample verbalisation des salariés ».
Lorsqu’une démarche de prévention, d’accompagnement ou d’écoute est mise en place en entreprise, « les femmes sont plus nombreuses à solliciter les différents dispositifs », relève Priscille de Charette. Les hommes aussi y ont accès : plus de sensibilisation peut permettre d’estomper les différences ou les schémas de représentation. Et de mieux prendre en charge la souffrance psychique en lien avec le travail au sein de l’entreprise, quel que soit le genre.